Mise à jour le 24 juin 2025
Accroches :
- Larry Summers, 13 mars 2023 : « La crise provoquée par la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) démontre le besoin d’une régulation bien plus forte. »
Définitions :
- Système financier : système composé des marchés financiers, des intermédiaires financiers et des infrastructures financières, dont le rôle est de « faciliter l’allocation et le déploiement de ressources économiques, dans l’espace et dans le temps, dans un environnement incertain » (Merton, 1995).
- Marchés financiers : lieu de rencontre entre les acteurs à besoin de financement et les acteurs à capacité de financement.
- Intermédiaires financiers : institutions financières qui assurent l’intermédiation entre les dépôts et les crédits.
- Infrastructures financières : mécanismes qui permettent à la monnaie et aux titres de circuler librement, comme les systèmes de paiement (cartes de crédit), les systèmes de règlement brut en temps réel (qui permettent aux banques de traiter les ordres de paiement en temps réel, de transférer l’argent et de régler leurs comptes à la fin de la journée avec la monnaie banque centrale), les fournisseurs de service essentiels (messagerie SWIFT), les dépositaires centraux (Euroclear ou Clearstream, qui créent les titres pour le compte des émetteurs et enregistrent leurs mouvements) ou les chambres de compensation (qui équilibrent les transactions sur titres réalisés par un grand nombre de participants) ; certaines infrastructures sont opérées par les banques centrales, d’autres sont à but lucratif et sont dans ce cas lourdement régulées.
- Finance parallèle (shadow banking) : financement de l’économie par des intermédiaires financiers qui fournissent des services analogues à ceux des banques sans être formellement reconnus comme tels, ni soumis à la régulation correspondante ; ces activités représente 15 % des actifs financiers mondiaux, comprennent de nombreuses interconnexions avec le secteur bancaire et sont peu régulées.
- Stabilité financière : situation où le système financier est capable de résister aux chocs et de corriger les déséquilibres financiers, ce qui réduit la probabilité qu’apparaissent des perturbations suffisamment graves pour avoir une incidence négative sur l’activité économique réelle (Banque centrale européenne).
- Politique macroprudentielle : ensemble des outils et méthodes qui permettent de surveiller et corriger les risques systémiques du secteur bancaire, du shadow banking et plus largement des marchés financiers.
- Politique microprudentielle : ensemble des outils et méthodes permettant de surveiller et corriger les risques que font courir des institutions financières, à titre individuel, sur leurs clients et elles-mêmes.
- Titrisation : technique par laquelle les prêts bancaires sont transformés en titres échangeables sur les marchés.
Enjeux :
- La finance a très tôt été reconnue comme essentielle à l’innovation technologique et au développement économique (Schumpeter, 1911), il existe une relation historique entre développement économique et développement financier (Robinson, 1952) car les marchés financiers sont généralement plus développés dans les pays riches et dans ceux qui ont les institutions les plus solides (Demirgüç-Kunt et Levine, 1999), mais aussi car il existe un lien causal entre un système financier profond et la stimulation de la croissance.
- Dans le même temps, les marchés financiers sont soumis aux « esprit animaux » (Keynes), c’est-à-dire à une forme d’irrationalité qui en fait une source d’instabilité et de menace pour la croissance mondiale ; cette menace est paradoxalement accrue du fait de l’indépendance des banques centrales, car leur rôle dans la stabilisation macroéconomique, voire dans la stimulation de l’activité, incite à la prise de risque (Borio et Shim, 2007).
- La mise en place d’une régulation du secteur financier est donc nécessaire pour préserver la stabilité financière, qui est un bien public mondial, mais cette régulation génère un arbitrage entre les bénéfices associés à cette plus grande stabilité et les coûts résultant de la réglementation des flux de capitaux ; l’équilibre atteint par cette régulation, fortement développée au niveau mondial après la crise de 2008, est aujourd’hui remis en cause par la concurrence réglementaire mise en œuvre par les Etats-Unis et par le développement rapide du secteur non bancaire.
Quelle régulation mener pour parvenir à un équilibre optimal entre libre circulation des capitaux et stabilité financière ?